La question devait être posée, le phénomène analysé. Les médecins sont-ils enfin en train de passer le pas des réseaux sociaux ? Le chirurgien américain Michael Cowher a lancé une étude sur le sujet et publiée dans les « Annals of Surgical Oncology ».
Les résultats sont des plus parlants : l’activité des médecins sur Twitter lors des rencontres annuelles de la « American Society of Breast Surgeons » a augmenté de 600% entre 2013 et 2016.
Etre actif sur internet pour maitriser sa réputation
Si les praticiens commencent à s’intéresser aux réseaux sociaux, ils ont mis du temps avant de comprendre l’intérêt de ces plateformes. L’une des raisons principales avancées par les médecins est leur manque de temps ; ce qui semble tout à fait compréhensible.
Quand Michael Cowher tente d’« évangéliser » ses confrères, il leur explique qu’il doivent garder à l’esprit que chacun d’entre eux laisse des traces sur internet, voire possède déjà une réputation, et ce qu’ils le veuillent ou non.
Aujourd’hui, nombreux sont les patients à rechercher des informations sur le médecin qu’ils envisagent de consulter. Le chirurgien leur préconise ainsi de se faire la main en commençant à utiliser les réseaux sociaux.
L’objectif étant de maitriser leur réputation digitale, de se connecter avec d’autres collègues et de donner envie à leurs potentiels patients de les consulter eux plutôt que d’autres.
« Les réseaux sociaux sont des outils de communication. Ils représentent un moyen de rencontrer et d’interagir avec des collègues ou des patients. Ils permettent aussi d’obtenir facilement et rapidement de l’information de qualité et de la transmettre aux parties concernées », indique-t-il dans son interview.
« Médecins et patients peuvent suivre les hashtags, les revues médicales ou les spécialistes pour apprendre où en est la recherche, quelles sont les nouvelles techniques de traitement (…). Nous avons d’ailleurs publié une étude qui montre que les patientes atteintes de cancer du sein participant à des chats de soutien se déclarent que leur connaissance des différentes options thérapeutiques ont augmenté et leur anxiété diminué », poursuit-il.
Les médecins indiens parmi les plus connectés
Bien sûr de grands progrès restent à faire pour inciter plus de médecins à franchir le cap du digital…
En revanche, il est un pays où les praticiens semblent très intéressés par les réseaux sociaux : il s’agit de l’Inde où 9% d’entre eux sont actifs sur ces canaux de communication.
Une étude de l’agence digitale We Are Social indique que Facebook et WhatsApp sont les deux plus utilisés par les médecins indiens, juste devant Google + et Twitter.
Là-bas, les professionnels de la santé utilisent ces plateformes pour rester connectés avec les patients et pour construire des communautés de patients. Une pratique du suivi médical qui pourrait inspirer les praticiens français.
Le Dr Chhabra, de l’Indian Spinal Injuries Centre de New Dehli explique que dans son réseau plus de 180 patients échangent via WhatsApp et plus de 30 via Skype chaque jour.
En résumé, le potentiel des réseaux sociaux pour informer (ou désinformer…) le patient est aujourd’hui évident. Que ce soit pour créer du lien avec les patients, pour diffuser des informations de qualité ou bien pour construire une communauté avec d’autres praticiens, il semble donc grand temps pour les médecins de réaliser tout ce que le digital peut apporter à leur pratique, et de sauter le pas !