Comme nous vous l’annoncions hier dans le précédent post, dans deux jours le GIE GERS, groupement d’interêt économique, au service des acteurs de la santé depuis 40 ans, organise son premier rendez-vous « BECONNECT » sur le thème de la santé connectée.
Le GIE GERS a été créé par les entreprises de l’Industrie Pharmaceutique et accompagne ses adhérents dans l’analyse des marchés et le pilotage de la performance et propose une donnée exhaustive unique en mutualisant les données du médicament et des produits de santé.
Grace à cette exhaustivité de la donnée, le GERS joue un rôle clé dans le dispositif conventionnel et la régulation économique des médicaments remboursables et hospitaliers.
En 2015, le GERS a mis en place un site internet sécurisé de déclaration des remises consenties aux pharmaciens sur les génériques.
C’est donc naturellement que le GERS a dédié son premier rendez-vous « BECONNECT » à la question des objets connectés de santé et aux données qu’ils vont générer.
L’occasion aussi faire le point sur quelques initiatives en la matière du côté de l’industrie de santé.
CHAPITRE 2 : Santé connectée, la révolution est en marche.
Cette rentrée 2015 aura été marquée par des annonces importantes en matière de santé connectée dans l’industrie de santé montrant bien l’effervescence sur le sujet.
Est on dans la phase ultime et exagérée des attentes, phase qui annonce l’arrivée du plongeon de la désillusion, au regard du hype cycle de Gartner ou arrive t on réellement à la phase de maturité qui verra émerger de vraies solutions?
Les mois à venir vont être décisifs pour le savoir.
- En septembre 2015, la FDA a validé la version connectée de l’objet le plus emblématique de la médecine
200 ans…
Il aura fallu 200 ans avant que l’invention de Laennec, le stethoscope, connaisse une nouvelle (r)évolution.
Le stéthoscope, objet emblématique du cabinet médical, voire du médecin avec lequel il est souvent représenté, se fait à son tour « ubérisé » sous l’impulsion d’un ingénieur de l’université de Berkeley qui relevait simplement un défi lancé par son professeur.
Eko device, la startup californienne qui commercialise ce stéthoscope, vient d’obtenir la validation FDA pour le commercialiser. Elle est désormais en attente de son marquage CE pour le distribuer aussi en Europe.
Le principe est simple : amplifier le son et l’envoyer sur le smartphone du médecin afin qu’il puisse être stocké, transmis à un spécialiste pour un deuxième avis ou comparer directement l’examen à une base de données médicale d’enregistrements pour détecter toute anomalie dans le rythme cardiaque.
Les fondateurs d’Eko envisagent même qu’à terme le patient puisse lui même réaliser ses propres enregistrements qui seront contrôlés à partir de la base de données disponible.
- En septembre 2015, la FDA valide le premier médicament connecté dans un essai clinique
En Juillet 2012, la startup anglaise PROTEUS DIGITAL HEALTH fait parler d’elle avec son capteur connecté qui peut être ingéré afin de suivre l’activité et l’état de santé du patient.
Il est précisé à l’époque que ce capteur pourrait être insérer dans un médicament afin de suivre aussi l’observance au traitement.
Simple mélange de cuivre et de magnésium, le capteur est activé au contact avec les sucs gastriques. Les données émises ont enregistrées alors par un patch connecté placé sur le corps du patient.
La vidéo ci jointe vous en explique le fonctionnement.
How it works from Proteus Digital Health on Vimeo.
En Juillet 2015 la FDA avait validé l’utilisation de ce capteur pour suivre l’observance.
C’est donc sans surprise qu’en cette rentrée 2015 Proteus annonçait son premier accord avec un laboratoire pharmaceutique pour développer un essai clinique sur un antidépresseur connecté. Essai que la FDA a validé.
Le premier d’une longue série?
- En septembre 2015, un laboratoire pharmaceutique rachète une startup dans la santé connectée.
Le marché de la BPCO est en effervescence.
Depuis quelques mois les laboratoires pharmaceutiques multiplient les initiatives dans le domaine de la santé connectée afin d’améliorer la prise en charge et l’observance dans la pathologie.
Après l’investissement réalisé par Astra Zeneca dans la startup new-zélandaise Adherium pour développer une plateforme d’observance dans la BPCO ou le partenariat annoncé par Boehringer Ingelheim avec la startup américaine Propeller health pour développer des pilotes sur une meilleure prise en charge des patients atteints de BPCO avec un inhalateur connecté, c’est au tour de l’israélien TEVA de faire un mouvement en rachetant la startup Gecko Health et sa plateforme CareTRx.
Non seulement ces plateformes permettent d’accompagner la patient dans la prise en charge de son traitement et de l’aider à l’observance toujours compliquée dans ce type de pathologie, mais en plus certains de ces dispositifs sont géolocalisés afin de donner une cartographie dans l’espace et le temps de l’utilisation de l’inhalateur connecté.
Cette masse de data permettra ainsi de prévenir l’utilisateur, sur la base de la remontée des autres utilisateurs, qu’il doit éviter un lieu à telle saison ou à tel moment de la journée car cela le mettrait à risque de déclencher une crise.
C’est le principe du crowdsourcing que l’on retrouve dans plusieurs initiatives digitales.
- En septembre 2015, Google fait un nouveau pas dans la santé avec les industriels de la santé
Depuis Septembre 2013 et la « fameuse » Une du Time magazine lors du lancement de Calico par Google, ce dernier ne cache plus ses ambitions pour compter dans le domaine de la santé.
Multipliant les initiatives et allant même jusqu’à changer de nom pour clarifier ses nombreuses activités, c’est désormais en tant qu’ « Alphabet » que Google va déployer ses nombreux projets santé allant de la génomique avec sa « baseline study » (pour cartographier l’humain en bonne santé et bâtir le « standard » génomique) jusqu’aux objets connectés avec notamment ce bracelet connecté dans le cancer et les essais cliniques.
Mais Google ne s’arrête pas là et veut travailler avec les acteurs historiques, les industriels de la santé.
La nouvelle est venue d’un communiqué de presse de SANOFI le 31 aout dernier annonçant le partenariat du géant mondial de la pharmacie avec Google, géant mondial des « Big techs », pour lutter contre le diabète.
Le communiqué est clair :
Sanofi noue une collaboration avec Google Life Sciences pour améliorer les résultats cliniques dans le diabète
– Collaboration sur une nouvelle technologie numérique et des outils pour le diabète –
– Utilisation de données et de technologies miniaturisées pour offrir aux patients davantage d’outils pour prendre en charge leur maladie, et aux professionnels de santé
la possibilité de mieux aider et traiter leurs patients –– S’efforcer de passer de la prise en charge épisodique et symptomatique du diabète
à une prise en charge continue, fondée sur la valeur –
La volonté est donc d’utiliser toutes les ressources technologiques combinant objets connectés, usages digitaux et big data pour améliorer la prise en charge du diabète, maladie qui devrait toucher plus de 500 millions de personnes d’ici à 2035 selon l’OMS.
Effet d’annonce ou réalité ?
L’avenir nous le dira mais la réponse vient peut être de Joseph JIMENEZ, le patron de Novartis autre géant de la pharmacie qui a conclu un accord avec Google pour développer des lentilles connectées pour suivre la glycémie.
Le projet avait laissé dubitatifs certains analystes lors de son annonce en 2014. Mais lors de cette rentrée 2015, Joseph JIMENEZ déclare lors d’une interview que les essais cliniques devraient démarrer en 2016 et que la commercialisation est prévue avant 2020.
Les lentilles sont aussi mentionnées dans le communiqué de Sanofi pour le partenariat Google.
Elles sont aussi présentes dans l’annonce (encore au mois de septembre 2015) du dernier investissement de Goggle Capital, le fond d’investissement de Google, dans la startup OSCAR, un assureur santé créé début 2014 à New-York et valorisé à plus de 1.5 milliard de dollars.
OSCAR veut mêler assurance et technologie et travaille sur de nombreux programmes intégrant plateformes digitales et objets connectés.
L’idée est de prévoir les solutions autour de problématiques « patient » intégrant l’ensemble des acteurs. Une solution mise en avant par un assureur et/ou un laboratoire pharmaceutique et intégrant les lentilles connectées devrait donc voir le jour dans les années à venir.
Il est clair qu’en cette rentrée 2015 quelque chose s’est passé pour changer la physionomie de la santé… la révolution de l’internet des objets bouleverse les pratiques et gagne en maturité pour permettre la mise en place de solutions.
C’est de ça dont nous discuterons à « BECONNECT » vendredi matin et vous pourrez suivre ce rendez-vous via le mot dièse (hashtag) #giegersbeconnect sur twitter.
L’équipe GIE GERS